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Les Vêpres de Coublin


Âtreufa quin dzéto gaman, la dieumintse après mide, i fâlo aller à vêpre... inrimé. No preuno son livre a peu no essa-yo de suivre tant bien qu’mâ. Comme y’éto en latin, no ni comprenau rin. Y’a bin de momin qu’ le tin deuro d’ sacré bon coup. Mais y’éto comme s’lé.
Tau sintché pé vo daire qu’y en a qu’ m’ont dé qui fâllo écrire les vêpres de Coublin. Mon Dieu si no pou bin... agâ. Y’est pas qu’ dzou pas, mais dzé bien pou qui saille comme âtreufa : parsonne n’y comprendra rin et y’in neuillera tau le monde. Enfin juste un p’té maussiâ pé va.
An qu’ te vé don mon p’té trimbaleu tsarse profit...
An qu’ te vé don, Dzean mon ami ?
Dze vé à ma dzornan, ma mère, eh oui.
Si vo cra-yi que dze vé rester sans rin faire,comme y’ en a qu’ font, oh que nenni... i
Qui qu’ te vé don faire à ta dzornan, mon p’té trimbaleu tsartse profit...
Qui qu’ te vé don faire à ta dzornan, Dzean mon ami... i ?
Pe gagneu de sous ma mère, eh oui.
Si vo cra-yi que dze vé rester sin l’ sou
comme y’ en a qu’ font, oh que nenni... i.
Qui qu’ te f’ra don de s’ tau sous, mon p’té trimbaleu tsartse profit...
Qui qu’ te f’ra don de s’tau sous, Dzean mon ami... i ?
Dzachetrai eune feune, ma mère, eh oui.
Si vo cra-yi que dze vé rester sin feune
comme y’ en a qu’ font, oh que nenni...i.
Qui qu’ te f’ra don de c’te feune, mon p’té trimbaleu tsartse profit...
Qui qu’ te f’ra don de c’te feune, Dzean mon ami...i ?
Dz’ li daré faire mon peut’ couire, ma mère, eh oui.
Si vo cra-yi que dze vé la laissieu sin rin faire comme y’ en a qu’ font, oh que nenni...i.
Mais an que t’ la coutsara don c’te feune, mon p’té trimbaleu tsartse profit...
Mais an Din le couan d’ noton paula-yi, ma mère, eh oui.
Si vo cra-yi que dze vé li pa-yeu de biaux draps blancs comme y’en a qu’ font, oh que nenni...i.
que t’ la coutsara don c’te feune, Dzean mon ami...i ?
Bah peu y’era bin pin coup. No varron bin peusse.
Allez, à la r’voyance.
A bin sacré millârd de sacré par exemple… C’té vêpres… i paraît qu’y a bin fait rire le monde…
I m’rappelle… No zétin dzounes… No zavin dzo-yeu eune séance din eune pétète commune à couté de Barmont… Quèque dzeu après, no zavin revu le brave vieux père tcheuré… brave… ou bin matin… vieux… enfin vieux a létau à pou près des âdzes qu’ no zaraivon astoure… et batou to p’tiot’ment. Alors y’a rin à daire…
À no zavau dai : “ Mais dzé rizu… mais dzé rizu… dzin né pissieu din ma tcheulote… ”
Allons ouais… Couise te don ! Continue don tes vêpres.
Mais te vai tot’ la sali c’te feune, mon p’té trimbaleu tsartse profit…
Mais te vai tot’ la sali c’te feune, Dzean mon ami…i !
Si dze la sali dze la nétau-yerais, ma mère, eh oui.
Si vo crayi que dze vé la laissieu tot’ sâle, comme y’ en a qu’ font, oh que nenni…i.
Mais avu qua don qu’t’ la netauyera c’te feune, mon p’té trimbaleu tsartse profit…
Mais avu qua don qu’t’ la netauyera c’te feune, Dzean mon ami…i ? Avu la mantse d’ noton goyon, ma mère, eh oui.
Si vo crayi que dze vé la caressieu, comme y’ en a qu’ font, oh que nenni…i.
Mais te vé tot’ l’écaller c’te feune, mon p’té trimbaleu tsartse profit…
Mais te vé tot’ l’écaller c’te feune, Dzean mon ami…i !
Si dze l’écalle dze la soignerai, ma mère, eh oui.
Si vo crayi que dze vé la laissieu langoter, comme y’ en a qu’ font, oh que nenni…i...
Dze pinse qui vo f’ra rire un bon coup, mais intintion de n’ pas pissieu… Oh, du mouan i n’ tsa pas… astoure à la dzornan d’in-né… avu les matsines no lave pu facilement un grou tchu de tcheulote que no lavau pas un ch’ti moutsou de potse âtrefa… Pas vrai ?
Avu qua don que te la soignera c’te feune, mon p’té trimbaleu tsartse profit…
Avu qua don que te la soignera c’te feune, Dzean mon ami…i !
Avu not’ maleutse, ma mère, eh oui.
Si vo cra-yi que dze vé li payeu de pilule, comme y’ en a qu’ font, oh que nenni…i.
Mais te vé la tcheuer c’te feune, mon p’té trimbaleu tsartse profit…
Mais te vé la tcheuer c’te feune, Dzean mon ami…i ?
Si dze la tcheue dze l’intarrai, ma mère, eh oui.
Si vo cra-yi que dze vé la faire impayeu, comme y’ en a qu’ font, oh que nenni…i.
Mais an que t’ lintarra don c’te feune, mon p’té trimbaleu tsartse profit…
Mais an que t’ lintarra don c’te feune, Dzean mon ami…i !
Din le borbi d’ noton grand pré, ma mère, eh oui.
Si vo cra-yi que dze vé la mettre in tare bénie, comme y’ en a qu’ font, oh que nenni…i...
Mais avu qua don que t’ la bénira c’te feune, mon p’té trimbaleu tsartse profit…
Mais avu qua don que t’ la bénira c’te feune, Dzean mon ami…i !
Avu la quoueu d’ noton tsa gris, ma mère, eh oui.
Si vo cra-yi que dze vé prendre de bouis béni, comme y’ en a qu’ font, oh que nenni…i...
Astoure y’a pu de vêpres, y’a pu de tcheuré, ni dzoune ni vieux. Et partin y’a cinquante ans à pou près, i se fazau de dzounes tcheurés de grousses beurans d’un coup et ché pas combin de coups par an. Alors qui quié deveni sintché ? Y’in na pu… y’est pas possible… y’est à crare qui zions tau détradé…
Qui que vau z’in pinsi vauzâtres ?


Autrefois quand j’étais gamin, le dimanche après-midi, il fallait aller à vêpre, bien entendu. On prenait son livre et puis on essayait de suivre tant bien que mal. Comme c’était en latin, on n’y comprenait rien. Y’avait bien des moments où le temps durait sacrément. Mais c’était comme ça.
Tout ça pour vous dire qu’il y en a qui m’ont dit qu’il fallait écrire les vêpres de Coublanc. Mon Dieu si on peut bien… allons-y. C’est pas que je ne veuille pas, mais j’ai bien peur que ce soit comme autrefois : personne n’y comprendra rien et ça ennuiera tout le monde. Enfin juste un petit morceau pour voir.
Où qu’tu vas donc, mon p’tit trimbaleu cherche profit
Où qu’tu vas donc, Jean mon ami ?
Je vais à ma journée, ma mère, eh oui.
Si vous croyez que je vais rester sans rien faire, comme y’en a qui font, oh que nenni !
Qu’est-ce que tu vas donc faire à ta journée, mon p’tit trimbaleu cherche profit
Qu’est-ce que tu vas donc faire à ta journée, Jean mon ami ?
Pour gagner des sous, ma mère, eh oui.
Si vous croyez que je vais rester sans le sou, comme y’en a qui font, oh que nenni.
Qu’est-ce que tu feras donc de tes sous, mon p’tit trimbaleu cherche profit
Qu’est-ce que tu feras donc de tes sous, Jean mon ami ?
J’achèterai une femme, ma mère, eh oui.
Si vous croyez que je vais rester sans femme, comme y’en a qui font, oh que nenni.
Qu’est-ce que tu feras donc de cette femme, mon p’tit trimbaleu cherche profit
Qu’est-ce que tu feras donc de cette femme, Jean mon ami ?
Je lui ferai tenir mon ménage, ma mère, eh oui.
Si vous croyez que je vais la laisser sans rien faire,
comme y’en a qui font, oh que nenni.
Mais où qu’tu la coucheras donc cette femme, mon p’tit trimbaleu cherche profit
Mais où qu’tu la coucheras donc cette femme, Jean mon ami ?
Dans le coin de notre poulailler, ma mère, eh oui.
Si vous croyez que je vais lui payer de beaux draps blancs, comme y’en a qui font, oh que nenni.
[...]
Bah, ça ira bien pour une fois. On verra plus tard. Allez, au revoir.
Ah ben sacré milliard de sacré par exemple… Ces vêpres… il paraît que ça a bien fait rire tout le monde.
Je me rappelle… On était jeunes. On avait joué une séance (de théâtre) dans une petite commune à côté de Belmont. Quelques jours après, on a revu le brave vieux père curé… brave… oh ben oui… vieux… enfin, vieux, il était à peu près des âges que nous avons maintenant. Alors y’a rien à dire…
Il nous avait dit : « Mais j’ai ri… mais j’ai ri… j’en ai pissé dans ma culotte… »
Allons oui… Tais-toi donc ! Continue tes Vêpres.
Mais tu vas toute la salir cette femme, mon p’tit trimbaleu cherche profit.
Mais tu vas toute la salir, cette femme, Jean mon ami !
Si je la salis je la nettoierai, ma mère, eh oui.
Si vous croyez que je vais la laisser toute sale, comme y’en a qui font, oh que nenni !
Mais avec quoi donc tu la nettoieras cette femme, mon p’tit trimbaleu cherche profit
Mais avec quoi donc tu la nettoieras, Jean mon ami ?
Avec le manche de notre serpe, ma mère, eh oui.
Si vous croyez que je vais la caresser, comme y’en a qui font, oh que nenni.
Mais tu vas toute l’écorcher, cette femme, mon p’tit trimbaleu cherche profit.
Mais tu vas toute l’écorcher cette femme, Jean mon ami.
Si je l’écorche je la soignerai, ma mère, eh oui.
Si vous croyez que je vais la laisser languir, comme y’en a qui font, oh que nenni.
Je pense que ça vous fera rire un bon coup, mais attention de ne pas pisser… Oh, du reste ça n’a pas d’importance… au jour d’aujourd’hui… avec les machines on lave plus facilement un gros fond de culotte qu’on ne lavait autrefois un petit mouchoir de poche… Pas vrai ?
Avec quoi donc tu la soigneras cette femme, mon p’tit trimbaleu cherche profit
Avec quoi donc tu la soigneras cette femme, Jean mon ami ?
Avec notre maillet ma mère, eh oui.
Si vous croyez que je vais lui payer des pilules, comme y’en a qui font, oh que nenni.
Mais tu vas la tuer cette femme, mon p’tit trimbaleu cherche profit
Mais tu vas la tuer cette femme, Jean mon ami ?
Si je la tue je l’enterrerai, ma mère, eh oui.
Si vous croyez que je vais la faire empailler, comme y’en a qui font, oh que nenni.
Mais où que tu l’enterreras donc cette femme, mon p’tit trimbaleu cherche profit
Mais où que tu l’enterreras donc cette femme, Jean mon ami ?
Dans le bourbier de notre grand pré, ma mère, eh oui.
Si vous croyez que je vais la mettre en terre bénie,
comme y’en a qui font, oh que nenni.
Mais avec quoi donc tu la béniras, cette femme, mon p’tit trimbaleu cherche profit
Mais avec quoi donc tu la béniras, Jean mon ami ?
Avec la queue de notre chat gris, ma mère eh oui.
Si vous croyez que je vais prendre du buis béni, comme y’en a qui font, oh que nenni.
A cette heure y’a plus de vêpres, y’a plus de curé, ni jeune ni vieux. Et pourtant il y a cinquante ans à peu près, il se faisait des jeunes curés, des grosses fournées à la fois et je ne sais combien de fois par an. Alors qu’est-ce qu’ils sont devenus ceux-là ? Y’en a plus… C’est pas possible… c’est à croire qu’ils ont tout détruit…
Qu’est-ce que vous en pensez vous autres ?